NUManima 2024 : des avancées en intelligenceartificielle et santé animale

La Dépêche Vétérinaire n° 1721

NUManima 2024, événement consacré à l'e-santé animale, s'est déroulé, en juin, à l'école nationale vétérinaired'Alfort. Organisée par l'association Vet IN Tech, cette quatrième édition a notamment présenté les dernièresavancées en matière d'intelligence artificielle et leurs applications en médecine vétérinaire.

L'école nationale vétérinaire d'Alfort (ENVA) a accueilli, en juin, NUManima 2024, événement organisé par l'association VetIN Tech dans le but de promouvoir l'e-santé animale. Cette quatrième édition a réuni près de 120 participants désireux dedécouvrir les nouveaux outils numériques destinés aux vétérinaires au cours de conférences et d'ateliers pratiques. Elle abénéficié du soutien de ses partenaires Agria, DP Dômes Pharma et Royal Canin.

Cette année, le programme de NUManima faisait la part belle aux avancées en matière d'intelligence artificielle (IA) et àleurs applications pratiques.

« L'IA est un ensemble de théories et de techniques visant à créer des machines qui simulent l'intelligence humaine »,rappelle notre consoeur Laureline Chaise, co-fondatrice d'Hex-Data, société de services et de conseil en informatique.

Notre consoeur distingue :

- le machine learning, méthode grâce à laquelle les machines apprennent automatiquement un ensemble de règles à partirdes données qui leur sont initialement fournies1 ;

- et le deep learning, technique plus complexe qui repose sur l'utilisation de « réseaux de neurones ».

Traiter des images, des vidéos, des sons...

« Le deep learning utilise des dizaines, voire des centaines, de couches de « neurones », chacune d'entre elles recevant etinterprétant les informations de la couche précédente », précise Damien Sornette, co-fondateur d'Hex-Data. « Ce modèled'IA est particulièrement bien adapté à l'analyse de grandes quantités de données. L'opérateur doit toutefois conserver unregard critique vis-à-vis des résultats obtenus : la machine assiste l'expert, elle ne le remplace pas ».

Laureline Chaise a présenté un exemple de solution numérique développée par Hex-Data : un outil capable de reconnaîtreles photos de l'ONG2 OSI-Panthera sur lesquelles figurent des panthères des neiges. « Le rythme de traitement desdonnées de notre IA est de 5 images par seconde, avec une précision de 95 % », constate notre consoeur. « Auparavant, lesmembres de l'association devaient analyser 4 000 photos une par une ».

Dans le domaine de la médecine vétérinaire, Hex-Data développe actuellement une IA capable de détecter les boiterieschez le chien et de quantifier leur intensité. « Les premiers résultats sont très prometteurs », se réjouit Damien Sornette.

Victoria Potdevin, ingénieur agronome et data science manager chez Adventiel, entreprise de service numérique, aprésenté des exemples d'applications pratiques d'IA basées sur le traitement des sons.

« SneezyProtect ND est un système de reconnaissance sonore qui détecte précocement d'éventuels épisodes de toux dansles élevages caprins », explique la conférencière. Les symptômes étant nocturnes dans un premier temps, ils risquent eneffet de passer inaperçus.

La cardiologie, domaine hautement technicisé

Earwise ND (Equipment & Animal Recognition With Intelligent Sound Evaluation) est un autre outil développé récemmentqui apprend à identifier et interpréter les sons sous la supervision de vétérinaires. « Les applications en termes demonitorage d'élevage sont innombrables », souligne Victoria Potdevin.

« La cardiologie est l'un des principaux bénéficiaires du développement de la santé connectée », constate le Pr ValérieChetboul (cardiologie, ENVA). « Les avancées dans ce domaine sont spectaculaires ».

Notre consoeur cite notamment l'exemple des stéthoscopes numériques qui intensifient les sons et filtrent les bruitsparasites.

« Le stéthoscope digital de Thinklabs One amplifie jusqu'à 100 fois les sons », précise Valérie Chetboul. « Quant au modèleconnecté d'Eko Core Duo, il les retranscrit sous forme de phonocardiogrammes pouvant être couplés à un ECG3. Celapermet de situer précisément le moment d'apparition d'un bruit par rapport au cycle cardiaque ».

Notre consoeur juge également intéressantes les applications pour smartphones4 qui mesurent la fréquence respiratoired'un chien atteint d'insuffisance cardiaque à son domicile. « Le suivi de la fréquence respiratoire calculée par lepropriétaire de l'animal permet en effet d'anticiper plus précocement l'apparition d'un oedème pulmocardiogénique quecelui réalisé à la clinique vétérinaire », explique la conférencière qui se base sur un seuil d'alerte de 30 mrpm5

Colliers de santé biométriques

Plus récents, les colliers de santé biométriques fournissent encore plus d'informations. La société Invoxia vient notammentde mettre sur le marché un nouveau modèle compact pour chien, Minitailz ND. En plus de fournir la position GPS de l'animal et suivre son activité, Minitailz ND calcule sa fréquence respiratoire et safréquence cardiaque au repos, avec une fiabilité estimée respectivement à 97 % et 99 %.

« Une étude est en cours à l'ENVA pour évaluer l'intérêt de ce type de collier dans la détection précoce des oedèmescardiaques », souligne Valérie Chetboul.

Plus ludique, un récent modèle de panier connecté pour chien, CarePet ND, propose également de mesurer fréquencerespiratoire et fréquence cardiaque. Enfin, les ECG connectés miniaturisés comme AliveCor ECG ND sont intéressants pour suivre à leur domicile des chiens depetite taille et des chats souffrant d'arythmie cardiaque6. BimodVet ND est un modèle adapté aux chiens de grand format.

« Avec ces dispositifs, les propriétaires d'animaux se sentent plus rassurés », conclut Valérie Chetboul. « C'est un élément àprendre en compte dans la mise en place du suivi d'un animal cardiaque sur le long terme ».

De nombreux outils numériques qui facilitent le quotidien

De nombreux outils numériques pouvant faciliter le quotidien des vétérinaires ont été présentés. Audrey Bossin (DP Dômes Pharma) rappelle que les outils de la Digital Academy sont disponibles pour les vétérinaires, lesauxiliaires vétérinaires et leurs clients : oeil 3D, cas cliniques et tutoriels en ophtalmologie ; conduites à tenir en neurologie; journal de suivi pour les propriétaires d'animaux épileptiques...(medias/articles/2024/victoria_potdevin.png)(medias/articles/2024/numani a_v chetboul.png)(medias/articles/2024/laureline_chaise_damien_sornette.p

Passionné d'IA depuis longtemps, notre confrère Mathieu Lamant, praticien à Nancy, a développé des solutionsnumériques adaptées aux vétérinaires, comme la suite de consultation HVC. Le courriel de confirmation envoyé aumoment de la prise de rendez-vous permet par exemple au praticien de recueillir à l'avance certaines informations auprèsdu propriétaire de l'animal, en fonction du motif de consultation. « L'IA produit un rapport à partir des réponses du client,suggérant hypothèses diagnostiques et examens complémentaires à réaliser », explique Mathieu Lamant qui évalue le gainde temps à 18 % par consultation en moyenne.

Un marché qui ne doit pas échapper aux vétérinaires

Notre confrère Grégory Santaner, membre de Vet IN Tech, apprécie le développement de la prise des rendez-vous en ligne.« Cela correspond à l'attente des clients comme en témoigne le succès de Doctolib depuis l'épidémie de Covid », explique-t-il, déplorant le retard du secteur vétérinaire en matière de digitalisation.

Actuellement, seulement 30 % des établissements vétérinaires français proposent des rendez-vous en ligne, cetteproportion atteignant 57 % dans les chaînes de cliniques7. « Il s'agit surtout de structures dédiées à la canine et situéesdans des grandes agglomérations », remarque Grégory Santaner qui estime qu'à terme, un rendez-vous sur deux sera prisen ligne.

Enfin, avec son application My Pet at the Vet ND, notre confrère Thomas Grenier propose de gagner du temps dans lagestion des hospitalisations. Présenté sous forme de fil d'information, cet outil permet de tenir facilement au courant lespropriétaires de l'évolution des animaux hospitalisés. Une auxiliaire est chargée de partager photos ou vidéos et deconfirmer l'heure de la sortie. « Les clients sont rassurés et appellent moins souvent », remarque Thomas Grenier. Bienentendu, dans les cas graves, un suivi téléphonique restera préférable.

Pour faciliter le développement de ces outils, nos confrères espèrent de rapides progrès en matière d'interface avec leslogiciels métiers vétérinaires.

Thomas Serval, fondateur de la société Baracoda, possède une solide expérience du développement d'outils connectés encollaboration avec des professionnels de santé humaine. Il estime que le marché vétérinaire est désormais mûr pour cetype de projets.

« Depuis une dizaine d'années, on assiste à une explosion des dépenses liées aux animaux de compagnie à l'échellemondiale », explique-t-il. « Les vétérinaires ne doivent pas laisser ce marché leur échapper : ils ont intérêt à participer audéveloppement des outils qui vont faire évoluer la santé animale ».

Plus d'infos !

Les interventions de NUManima seront disponibles fin septembre sur la chaîne Youtube de NUManima

1 Contrairement à la programmation qui consiste en l'exécution de règles prédéterminées.

2 ONG : organisation non gouvernementale.

3 ECG : électrocardiogramme.

4 SuiVieChien ND (Ceva), My Pet Heart2heart ND (Boehringer Ingelheim) ou Respidog ND (Invoxia).

5 mrpm : mouvements respiratoires par minute.

6 Ces systèmes ne remplacent pas un Holter porté sur une période de 24 heures.

7 Enquête Imago.

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